Introduction
Selon une information publiée par L’Humanité le 14 octobre 2025, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a confirmé son intention de rehausser la difficulté du QCM de naturalisation destiné aux candidats étrangers.
Ce test, déjà en vigueur dans le cadre de la procédure d’accès à la nationalité française, pourrait prochainement devenir plus exigeant sur le plan linguistique et culturel.
Si aucune mesure réglementaire n’a encore été adoptée, cette annonce s’inscrit dans la continuité des orientations de la loi Immigration de décembre 2023, qui visait à renforcer les conditions d’intégration et de maîtrise du français pour les étrangers souhaitant s’installer durablement en France.
EDUF.FR fait le point sur les éléments actuellement connus, les enjeux de cette évolution et les perspectives pour les candidats et les organismes de formation.
Le cadre actuel de la naturalisation en France
Les principes généraux
L’accès à la nationalité française par naturalisation est encadré par les articles 21-15 à 21-27 du Code civil.
Pour déposer une demande, le candidat doit notamment justifier :
- d’une résidence régulière et stable en France (en général depuis au moins cinq ans) ;
- d’une intégration républicaine avérée, appréciée à travers la connaissance de la langue et des valeurs de la République ;
- d’une bonne moralité, évaluée au regard du casier judiciaire ;
- et de ressources suffisantes pour subvenir à ses besoins.
L’évaluation linguistique actuelle
Depuis 2020, la référence officielle pour la naturalisation est le TCF IRN (Test de Connaissance du Français pour l’Intégration, la Résidence et la Nationalisation), délivré par France Éducation International (FEI), opérateur du ministère de l’Éducation nationale.
Le niveau minimal exigé est actuellement le niveau B1 du CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues).
Il correspond à une capacité à :
- comprendre les points essentiels d’un discours clair,
- se débrouiller dans la plupart des situations courantes,
- produire un discours simple et cohérent sur des sujets familiers.
Ce niveau est considéré comme une preuve d’intégration linguistique suffisante. Cependant, dans les faits, certains candidats atteignent difficilement ce seuil, en particulier ceux dont le parcours de formation initiale est fragmenté ou récent.
Le QCM de naturalisation : un outil clé de l’évaluation civique
Objectif du QCM
Outre l’évaluation linguistique, la procédure de naturalisation comprend un questionnaire à choix multiple (QCM) destiné à mesurer les connaissances civiques, culturelles et institutionnelles du candidat.
Ce test aborde notamment :
- les principes fondamentaux de la République française,
- le fonctionnement des institutions (Présidence, Parlement, collectivités locales, etc.),
- des éléments d’histoire et de culture générale.
Fonctionnement actuel
Le QCM est généralement administré lors de l’entretien individuel avec un agent de préfecture ou dans le cadre d’un centre agréé.
Les questions et le format varient légèrement selon les territoires, mais le principe reste le même : évaluer la compréhension globale du fonctionnement de la société française.
Jusqu’à présent, le contenu du test restait accessible à la majorité des candidats disposant d’un niveau B1 de français.
Cependant, les évolutions envisagées viseraient à introduire des questions plus détaillées, mobilisant un vocabulaire plus soutenu et une connaissance plus fine de la culture française.
Une volonté politique de “rehausser les exigences”
Le projet annoncé
Selon L’Humanité, Bruno Retailleau a exprimé sa volonté de faire du QCM un outil de sélection plus exigeant, estimant que la nationalité française devait “sanctionner une véritable maîtrise du français et une compréhension approfondie de nos valeurs républicaines”.
Concrètement, il serait question de :
- réviser le contenu du QCM, avec des questions plus complexes sur les institutions et la culture ;
- rehausser le niveau linguistique attendu, possiblement jusqu’au niveau B2 du CECRL ;
- et uniformiser le dispositif sur l’ensemble du territoire.
Une continuité avec la loi Immigration 2023
Cette réforme s’inscrit dans la logique amorcée par la loi n° 2023-1202 du 26 décembre 2023, qui a renforcé les exigences en matière d’intégration linguistique.
Le texte insistait déjà sur la nécessité d’un “effort particulier d’apprentissage du français” pour toute personne souhaitant s’établir durablement ou accéder à la nationalité.
Les objectifs avancés par le gouvernement
Mieux valoriser la maîtrise du français
L’un des arguments principaux du ministère est de valoriser la langue française comme condition essentielle de l’intégration et de la participation à la vie civique.
Selon Bruno Retailleau, la naturalisation “n’est pas seulement un droit, c’est un engagement qui suppose une pleine compréhension du pays que l’on rejoint”.
Harmoniser les pratiques administratives
Le QCM, aujourd’hui administré de manière parfois hétérogène selon les préfectures, pourrait être standardisé au niveau national.
Cette harmonisation permettrait d’assurer une égalité de traitement entre les candidats, tout en facilitant le suivi statistique des résultats.
Renforcer le sentiment d’appartenance
Enfin, le ministère défend l’idée que la difficulté accrue du test pourrait encourager une préparation plus sérieuse et renforcer le sentiment d’appartenance des nouveaux citoyens, qui verraient leur réussite comme une véritable reconnaissance de leurs efforts.
Quel impact pour les ressortissants étrangers ?
Un niveau linguistique plus exigeant
Le passage d’un niveau B1 à un niveau B2 du CECRL représenterait un changement significatif.
Le niveau B2 correspond à une maîtrise opérationnelle de la langue, impliquant la capacité à :
- comprendre des textes complexes, y compris sur des sujets abstraits ou techniques ;
- interagir spontanément et couramment avec des interlocuteurs natifs ;
- argumenter de manière claire et structurée.
Pour de nombreux candidats, notamment ceux issus de parcours éducatifs discontinus ou arrivés récemment en France, cette exigence représenterait un seuil plus difficile à franchir sans accompagnement spécifique.
Un risque d’ajournement accru
Le renforcement du QCM pourrait également conduire à une hausse du taux d’ajournement des dossiers, c’est-à-dire des décisions reportées pour insuffisance linguistique ou connaissance civique incomplète.
Les préfectures, déjà confrontées à des volumes importants de demandes, pourraient ainsi voir le nombre de dossiers en attente augmenter.
Des inégalités face à la préparation
L’accès à une formation de qualité demeure inégal selon les territoires.
Les personnes résidant hors des grandes agglomérations ou ne bénéficiant pas de dispositifs publics de formation risquent de rencontrer davantage de difficultés pour se préparer.
Cette situation souligne l’importance d’une offre de formation accessible, adaptée et territorialisée.
Les enjeux pédagogiques pour les organismes de formation
Adapter les contenus de formation
Les centres de formation en français langue étrangère (FLE) devront adapter leurs programmes à ces nouvelles exigences.
Cela passera par :
- la mise à jour des modules linguistiques pour atteindre le niveau B2 ;
- la création de séquences de préparation au QCM intégrant des questions d’histoire, de culture et de vie civique ;
- l’intégration de supports authentiques (textes officiels, extraits de discours, documents administratifs) pour développer la compréhension du français administratif et institutionnel.
Accompagner l’apprenant dans la durée
Le renforcement du test suppose un accompagnement progressif et non une simple préparation ponctuelle.
Les organismes seront amenés à concevoir des parcours complets — combinant apprentissage linguistique, culture civique et préparation à l’entretien de naturalisation.
Former les formateurs
Enfin, le succès de cette réforme dépendra également de la formation des enseignants de FLE aux nouvelles exigences du dispositif.
Ils devront maîtriser à la fois les référentiels linguistiques (CECRL, TCF IRN) et les contenus civiques exigés par les autorités.
Le rôle d’EDUF.FR dans ce nouveau contexte
Une mission d’accompagnement linguistique et civique
EDUF.FR, acteur spécialisé dans l’enseignement du français langue étrangère, place l’intégration linguistique au cœur de sa mission.
Dans ce contexte de réforme, l’école renforce son engagement à :
- accompagner les apprenants dans la préparation linguistique et civique à la naturalisation ;
- diffuser une information claire et actualisée sur les procédures administratives ;
- et collaborer avec les institutions pour garantir une formation conforme aux standards officiels.
Des parcours pédagogiques adaptés
Les formations proposées par EDUF.FR s’articulent autour de trois axes :
- Maîtrise linguistique — consolidation du français oral et écrit jusqu’au niveau B2 ;
- Culture civique — modules sur les valeurs de la République, l’histoire, les institutions et la société française ;
- Préparation au QCM et à l’entretien — simulations, tests blancs et accompagnement individualisé.
Un engagement pour l’égalité d’accès
EDUF.FR œuvre pour que tous les candidats, quels que soient leur origine ou leur parcours, puissent accéder à une préparation de qualité.
L’établissement développe des formations hybrides (présentiel / distanciel) afin de toucher un public plus large, y compris en zones éloignées des grands centres urbains.
Perspectives et sources officielles
Une réforme encore en construction
À ce jour, aucun décret ni arrêté officiel ne précise les modalités exactes de la réforme.
Toutefois, les déclarations du ministre et les orientations récentes du gouvernement laissent présager une mise en œuvre progressive à partir de 2026.
Principales références institutionnelles
- L’Humanité, « Une machine à exclure ? Juste avant de partir, Retailleau rehausse la difficulté du QCM de naturalisation pour les étrangers », 14 octobre 2025.
- France Éducation International — Présentation du TCF IRN
- Service-Public.fr — Demande de naturalisation française
- Loi n° 2023-1202 du 26 décembre 2023 relative au contrôle de l’immigration, à l’intégration et à l’asile.
- Code civil, articles 21-15 à 21-27.
Conclusion
Le projet de durcissement du QCM de naturalisation marque une nouvelle étape dans la politique d’intégration linguistique en France.
S’il traduit une volonté de valoriser la langue française et les valeurs républicaines, il soulève aussi des questions d’équité et de préparation.
EDUF.FR continuera à accompagner les candidats et les partenaires institutionnels pour garantir que la langue reste un levier d’inclusion et non un facteur d’exclusion.
L’objectif : permettre à chacun de réussir son parcours de naturalisation dans un cadre exigeant, mais juste et accessible.